• Siamanto, mon amour – Delphine Jacquart
Fruit de l’imagination de l’auteure, ce voyage dans le passé ressuscite le fantôme du grand poète arménien, Adom Yardjanian, plus connu sous son nom de plume, Siamanto, à travers une histoire d’amour triangulaire entre un certain Edgar, la muse Elsa et le versificateur disparu. Par celle-ci se trouve aussi ravivée une autre catastrophe contemporaine de la Première Guerre mondiale : l’extermination massive d’intellectuels arméniens lors de la tragique rafle du 24 avril 1915.

L’instant d’un roman, les poètes maudits arméniens revivront pour nous faire partager l’indicible haine déployée à l’encontre de leur peuple pourtant si paisible.

Diamantaire originaire de Lausanne, Edgar Merz rencontre dans un salon de thé une mystérieuse femme dont il tombe éperdument amoureux. Un serveur de l’établissement prénommé Hector le met cependant en garde : parce qu’elle fut, explique-t-il, la muse d’un grand poète décédé dans des circonstances atroces, Elsa ne se laissera aimer d’aucun homme. En vain, Edgar s’entête à la séduire. Le malheureux va vite découvrir qu’il ne pourra jamais faire de l’ombre au géant disparu et tant adoré de sa dulcinée.

À partir de cet épisode dramatique qui coûta la vie à un million et demi de personnes, Delphine Jacquart nous entraîne dans l’univers pessimiste des poètes maudits, victimes ciblées qui laissèrent à la postérité un ensemble d’œuvres en même temps qu’un terrible vide et un sentiment d’inachevé. Toutes les créations futures dont la nation arménienne fut spoliée en raison de la disparition prématurée de leurs auteurs sont aujourd’hui encore synonymes de perte abyssale pour l’ensemble de la classe culturelle. Élite d’une époque dite de « l’Esthétisme », ces intellectuels devaient, par leurs travaux d’une extrême richesse, porter la littérature arménienne à son apogée. Ils sombrèrent hélas sans préavis dans le silence et la mort, devenant ainsi le reflet de nos propres hantises génocidaires.

Si la notion romantique de malédiction du poète est apparue en 1832 dans l’ouvrage Stello d’Alfred de Vigny, Verlaine a été le premier à utiliser l’expression « poètes maudits » pour désigner les rimeurs incompris qui rejetaient les valeurs de l’époque et se conduisaient de façon provocante et autodestructrice. La littérature arménienne a choisi quant à elle de considérer comme « maudits » ces jeunes poètes nés au cœur du tumulte d’une période très sombre de l’histoire. Ils moururent torturés et massacrés avant d’avoir livré la quintessence de leur génie ; rebâtir sur ces décombres s’avèrera un tour de force.
 

 

Nom de l'auteure: Delphine Jacquart
Nombre de pages: 174
Taille du manuscrit: 6 x 9
ISBN: 978-2-89775-161-6
Éditeur: Les Éditions de l'Apothéose
Date de parution: Aout 2018

 

 

Siamanto, mon amour – Delphine Jacquart

  • 22,00$


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